L’horizon s’assombrit pour l’économie canadienne à l’approche de la dernière décision de l’année de la Banque du Canada. Les données du troisième trimestre de 2024 montrent une croissance annualisée de seulement 1 %, inférieure aux prévisions de la Banque du Canada (1,5 %) et des économistes de Bloomberg (1,1 %). Ce ralentissement économique, combiné à une consommation des ménages en hausse (+3,5 %) mais à un investissement non résidentiel en chute libre (-11,3 %), laisse entrevoir une économie fragilisée.
Par ailleurs, les tensions commerciales potentielles avec les États-Unis, suite à la menace du président élu Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 %, pourraient aggraver cette situation. Si ces tarifs étaient appliqués, l’inflation pourrait augmenter, forçant la Banque à revoir ses baisses de taux prévues.
Des nuages de plus en plus menaçants
- Croissance anémique : seulement 1 % au Q3 2024
- Chute vertigineuse des investissements (-11,3 %)
- L’épée de Damoclès : Trump menace d’imposer des tarifs de 25 %
Quelques éclaircies du côté immobilier
- Hausse encourageante des mises en chantier (+8 % en octobre)
- Le secteur des logements collectifs résiste (+7 %)
Le rayon d’espoir : les taux d’intérêt
Après une baisse cumulée de 1,25 % cette année, tous les regards se tournent vers la Banque du Canada. La prochaine décision pourrait être la bouée de sauvetage tant attendue.
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Construction résidentielle : signes de résilience
En octobre 2024, les mises en chantier ont augmenté de 8 % par rapport à septembre, atteignant un rythme annualisé de 240 761 unités, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Cette reprise est stimulée par une hausse dans les logements collectifs (+7 %) et un léger rebond dans les maisons unifamiliales (+1 %).
Cependant, les défis persistent. Les centres urbains comme Toronto et Vancouver, bien qu’en récupération mensuelle, affichent toujours des baisses de mises en chantier comparé à l’année précédente (-21 % à Toronto, -18 % à Vancouver). Ces chiffres montrent que la crise de l’offre de logements demeure un problème structurel, et les investisseurs doivent surveiller l’évolution de cette dynamique dans les grands centres.
La récession : une réalité masquée
Stephen Poloz, ancien gouverneur de la Banque du Canada, a récemment déclaré que le pays est déjà en récession, bien que cela ne se reflète pas dans les statistiques traditionnelles. Il attribue cette situation à la croissance démographique qui masque les faiblesses économiques sous-jacentes. La consommation des nouveaux arrivants soutient artificiellement les chiffres globaux, mais les dépenses des ménages canadiens sont freinées par des coûts de vie élevés et une faible croissance des revenus.
Cette récession masquée complique la prise de décision de la Banque, qui doit équilibrer son approche entre le soutien à l’économie et la gestion des risques inflationnistes.
Le contexte des taux d’intérêt et le marché immobilier
Depuis le début de l’année, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur de 1,25 % au total pour stimuler l’économie. Pour certains, ces baisses ont permis de sauver l’immobilier d’un effondrement. La reprise dans la construction résidentielle montre une certaine résilience du secteur immobilier.
Pour les investisseurs immobiliers, la baisse des taux a été un facteur clé pour maintenir des coûts d’emprunt plus bas et une baisse du taux directeur est attendue en décembre. Cela devrait être le cas, mais un arrêt ou un ralentissement de ces baisses pourrait compliquer la planification financière à long terme.
Conclusion
Le 11 décembre s’annonce comme une journée charnière. Une baisse de 0,25 % du taux directeur demeure la plus forte probabilité. Toutefois, au-delà de cette décision ponctuelle, les regards sont tournés vers l’avenir. Les marchés attendent avec impatience l’analyse de la Banque concernant les perspectives économiques. Les menaces de Donald Trump sont-elles déjà intégrées dans leurs calculs ? Que nous réserve 2025 ?
Les dernières prévisions, résolument optimistes, laissaient entrevoir la poursuite des baisses de taux. Mais cette trajectoire sera-t-elle maintenue ? Entre les nuages économiques et l’espoir de la continuité de ces baisses, la Banque du Canada devra naviguer avec précision. Une chose est certaine : l’économie est incertaine.