Cette semaine, alors que nous observions l’éclipse solaire, un autre événement a captivé l’attention économique : la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 5 %, annoncée le 10 avril. Pour les acteurs du marché immobilier, cette stabilité apparaît comme une éclipse prolongée, obscurcissant toute perspective de baisse des taux hypothécaires à des niveaux plus abordables.
Depuis juillet 2023, le maintien de ce taux a plongé l’industrie immobilière et hypothécaire dans une incertitude accrue. Bien que des indications de réductions potentielles aient été brièvement mentionnées en décembre, l’absence récente de directives claires et le retour à la prudence — accentuant la nécessité de stabiliser l’inflation avant toute baisse — ont marqué un retour au silence, laissant le secteur dans l’attente de signaux plus fermes.
L’inflation baisse au Canada, mais persiste
Bien que l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), ait ralenti pour s’établir à 2,8% en février, elle demeure au-dessus du niveau ciblé par la Banque du Canada. La Banque prévoit que l’IPC se maintiendra autour de 3 % durant la première moitié de 2024, avant de descendre sous la barre des 2,5 % dans la seconde moitié de l’année, afin d’atteindre l’objectif de 2 % en 2025.
Aux États-Unis, l’inflation est en hausse et l’économie montre des signes de reprise vigoureuse. L’IPC a augmenté de 0,4 % en mars par rapport au mois précédent, surpassant les attentes des analystes. Sur un an, l’inflation a grimpé de 3,2 % à 3,5 %.
Ces indices incitent les banques centrales à la prudence.
Perspectives économiques du Canada : Croissance modeste et défis sur le marché du travail
La Banque du Canada a revu à la hausse ses prévisions de croissance du PIB pour cette année, passant de 0,8 % en janvier à 1,5 %. Elle s’attend à ce que cette croissance s’accélère à environ 2 % pour les années 2025 et 2026. Cette reprise économique devrait contribuer à résorber graduellement l’excédent de l’offre d’ici le début de 2026.
Sur le front de l’emploi, la croissance de l’emploi ne suit pas celle de la population en âge de travailler, ce qui a entraîné une augmentation du taux de chômage à 6,1 % en mars, bien que l’on observe une certaine modération dans la progression des salaires. L’accroissement démographique notable du Canada stimule à la fois la demande des consommateurs et l’offre de main-d’œuvre, soutenant ainsi l’économie dans son ensemble.
Influence de l’économie américaine et des dépenses gouvernementales :
La robustesse de l’économie américaine, principal partenaire commercial du Canada, joue un rôle clé dans le soutien du commerce extérieur canadien. Par ailleurs, les dépenses publiques aux niveaux provincial et fédéral contribuent significativement à cette dynamique de croissance. Il est essentiel de noter que ces prévisions intègrent les budgets provinciaux récemment annoncés, bien que les mesures potentielles du prochain budget fédéral restent encore à être définies.
Le marché de l’immobilier toujours en attente de baisse de taux.
Le secteur immobilier ressent fortement l’impact des taux d’intérêt élevés, qui augmentent significativement les coûts des prêts hypothécaires, affectant surtout les promoteurs immobiliers. Parallèlement, une pénurie persistante de logements continue de caractériser le marché. Le taux élevé d’immigration enregistré en 2023 a exacerbé la demande locative, mettant en lumière le besoin urgent de projets de construction d’envergure.
Dans une précédente entrevue que j’ai accordée à la CORPIQ , j’examine certaines données clés qui éclairent les perspectives futures pour le secteur immobilier. Notamment, les taux des obligations hypothécaires ont chuté de 4,39% à 3,49% depuis novembre 2023, mais ont remonté à 3,73% en mars 2024, reflétant un resserrement monétaire qui bénéficie globalement à l’économie. La croissance économique modeste de 1,1% en 2023, nettement inférieure aux 3,8% de 2022, illustre également l’influence des taux élevés sur l’inflation, que la Banque du Canada cherche à ramener à 2% d’ici fin 2025.
la Banque du Canada convaincus de l’efficacité de sa politique monétaire
« Les données correspondent à ce que l’on veut voir », affirme Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada. Selon le Rapport sur la politique monétaire, publié conjointement avec la décision sur le taux directeur, la Banque du Canada anticipe que le pays évitera une récession. Le rapport met en avant le soutien de l’économie par la croissance démographique, les dépenses gouvernementales, et la robustesse de l’économie américaine.
Conclusion: À quand la baisse et la fin de cette « éclipse hypothécaire »?
Comme on peut le constater, Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada, est désormais extrêmement prudent concernant une potentielle baisse du taux directeur, malgré la récente diminution de l’inflation fondamentale. Il insiste sur la nécessité de confirmer la pérennité de cette tendance avant d’initier des mesures, afin d’éviter des décisions prématurées. Cette prudence est en partie justifiée par les critiques des ajustements de taux précédents.
Bien que la possibilité d’une baisse des taux dès juin soit envisageable si les données économiques continuent de suivre la tendance actuelle sans mauvaise surprise, c’est désormais en juillet que la majorité des experts anticipent le début des réductions de taux, suite à la récente décision de maintenir le taux à 5% et aux explications fournies.
La prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour est prévue le 5 juin.
Les anticipations de baisse des taux, tout en étant bénéfiques à long terme, vont probablement pousser les prix à la hausse à court terme. Tout dépendant de votre situation, nous pouvons vous aider à définir un bon moment pour votre transaction. Consultez un courtier hypothécaire de Performance Hypothécaire.
Données économiques tendances hypothécaires :
- Taux directeur de la Banque du Canada: Maintenu à 5%.
- Inflation mesurée par l’IPC: Ralentie à 2.8% en février, prévue à environ 3% pour la première moitié de 2024, et devrait descendre sous 2.5% dans la seconde moitié, visant 2% en 2025.
- Inflation aux États-Unis: Augmentation de l’IPC de 0.4% en mars sur un mois, et annuellement de 3.2% à 3.5%.
- Croissance du PIB du Canada pour l’année en cours: Révisée à la hausse de 0.8% à 1.5% par la Banque du Canada.
- Prévisions de croissance pour 2025 et 2026: Environ 2% chaque année.
- Taux de chômage: augmenté à 6.1% en mars.