LL’économie canadienne ne semble pas vouloir prendre de pause. Le PIB et l’inflation auraient dû baisser bien plus vite et il y a quelques mois déjà qu’on souhaite cette baisse. Pourtant, cette semaine encore, c’est encore la surprise! Le PIB au Canada pour le premier trimestre 2023 est bien plus élevé que prévu. Pour cette période, Statistique Canada annonçait, mercredi 31 mai, que l’économie canadienne a progressé à un taux annualisé de 3,1 % alors qu’elle prévoyait 2,5%. Une statistique qui, jumelée à l’emploi (stable à 5%) et à l’inflation ( 4,4 % en avril) , montre bien la résilience de l’économie canadienne.
En tant que courtier hypothécaire, ce que je remarque, c’est à quel point les taux hypothécaires ont augmenté. Les CMB (Obligations hypothécaires du Canada) ont aussi augmenté de .50% dans les 2 dernières semaines. Généralement cela annonce une augmentation des taux de la Banque du Canada. Les prêteurs semblent se préparer à une augmentation du taux directeur et à un avenir beaucoup moins rose pour l’économie canadienne. Les ventes immobilières ont diminué de 19,5% et les constructions de 1,3 %. En grattant la surface du portrait économique canadien, on voit bien que le vernis est tout près de se craqueler. L’endettement des ménages est à son plus haut niveau principalement en raison des taux hypothécaires et le revenu disponible a diminué pour la première fois depuis le quatrième trimestre de 2021. De toute façon, si l’économie ne recule pas d’elle-même, c’est la Banque du Canada qui va se charger de le faire. Elle prend sa décision à propos du taux directeur mercredi prochain le 7 juin. Est-ce que la Banque du Canada tiendra compte de l’économie résiliente actuelle ou des signes que l’économie va bientôt prendre une pente descendante?
UNE CROISSANCE SURPRISE DU PIB DE 3,1% AU CANADA POUR LE PREMIER TRIMESTRE 2023
En effet, sur une base annualisée, Statistique Canada avait plutôt prévu une croissance de 2,5%. En ce qui concerne la différence réelle d’un mois à l’autre entre février et mars 2023, Statistique Canada avait prévu une légère baisse de 0,1 % alors qu’il est finalement encore en hausse à 0,8 %. Le PIB du premier trimestre 2023 au Québec n’est toujours pas disponible, mais selon les derniers chiffres, il stagne d’un mois à l’autre de janvier à février. Bien que le cumulatif de ces deux mois représente une augmentation de 1,3% par rapport à l’année dernière, les signes d’un recul de l’économie devraient être de plus en plus clairs. Nos voisins américains stagnent aussi et finissent le premier trimestre avec un PIB de 1,3 % en rythme annualisé et rien de bon pour l’économie dans les prochains mois. Ce n’est donc pas les variations actuelles du PIB qui indique que la baisse de l’économie canadienne et imminente.
LES INVESTISSEURS IMMOBILIERS EN ONT GROS SUR LES ÉPAULES.
Le prix d’achat d’un immeuble n’a pas tant baissé et pour le reste, tout a augmenté pour les investisseurs immobiliers.
- – Taux hypothécaires
- – Primes d’assurance prêt de la SCHL qui augmentent le 18 juin
- – Coût de construction et de rénovation
Et j’en passe… la liste peut être assez longue. Néanmoins, ce qui fait le plus mal, c’est bien la hausse des taux d’intérêt hypothécaires. Dernièrement, les taux hypothécaire ont encore augmenté de .50 %.
UN RÉSULTAT DE SONDAGE ÉTONNANT! LES CANADIENS VEULENT CONTINUER À INVESTIR EN IMMOBILIER
Selon un sondage pancanadien réalisé par la firme de courtage immobilier Royal LePage, un quart des Canadiens envisagent un achat d’ici cinq ans. Chez ceux qui en ont au moins un immeuble, c’est plus de la moitié (51 %) qui y pensent pour la même période. Principalement en raison des mises en chantier, de nouveaux logements qui ne suivent pas la demande et du nombre sans précédent d’immigrants dans les années à venir. Il faut noter qu’on ne parle pas d’achat à très court terme, mais d’un horizon plus large de 5 ans.
Les jeunes investisseurs en immobilier toujours intéressés, même au prix de certains sacrifices.
Les investisseurs immobiliers âgés de 18 à 34 ans demeurent intéressés à acheter. Parmi ces propriétaires immobiliers, 44% possèdent plus d’un immeuble résidentiel à revenus. En outre, 15% des propriétaires canadiens d’immeubles locatifs ne sont pas propriétaires de leur résidence principale et n’habitent pas leur propriété locative. Il y en a même 3 % qui habitent chez leurs parents, de la parenté ou des amis et ne paient pas de loyer.
ENDETTEMENT DES MÉNAGES – UN RISQUE DE PLUS EN PLUS ÉLEVÉ POUR LES DÉFAUTS DE PAIEMENT
Selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, l’endettement des ménages canadiens est le plus élevé du G7, principalement en raison des prêts hypothécaires qui représentent environ les trois quarts de la dette globale. La résolution de la crise croissante de l’abordabilité du logement est essentielle pour améliorer les perspectives économiques. Le manque d’offre sur le marché canadien de l’habitation a également contribué à la hausse des prix des maisons, rendant l’abordabilité hors de portée pour de nombreux acheteurs. Les taux d’intérêt ont également augmenté, ce qui pourrait entraîner une plus grande part du budget des ménages consacrée aux intérêts hypothécaires plutôt qu’à d’autres formes d’épargne ou de consommation. D’autant plus que selon le rapport de Statistique Canada de mercredi, le revenu disponible à diminuer de 1 % et c’est la première fois depuis le 4e trimestre de 2021.
CONCLUSION
Les signes que l’économie canadienne va ralentir ne sont peut-être pas aussi clairs que les acteurs économiques l’auraient espérés, en particulier lorsqu’on tient compte de cette augmentation surprise du PIB annoncé ce matin. Par contre, le secteur hypothécaire est sûrement parmi les principaux secteurs économiques qui nous poussent vers cette pente descendante. Les ménages canadiens sont pris à la gorge par un endettement majoritairement hypothécaire. Ils devront cesser les dépenses pour rembourser leur prêt. Le risque financier lié au poids des dépenses en immobilier multilogements grossit et s’annonce encore plus gros avec l’augmentation des primes d’assurances prêt hypothécaire pour immeubles collectifs de la SCHL. Ça finira par ralentir les ardeurs à court terme des jeunes investisseurs immobiliers. À plus long terme, les besoins en matière de logement auront vite fait de relancer le marché, mais pas cette année. Quant à la décision de la Banque du Canada à propos du taux directeur le 7 juin prochain. Il est certain que le risque d’une augmentation du Taux directeur a augmenté avec les données publiées cette semaine. Cependant, compte tenu du contexte incertain et de la possibilité que l’inflation ait fortement diminué en mai, il est probable que notre banque centrale décide de faire preuve de patience dans l’espoir de ne pas avoir à imposer une autre augmentation cette année. Ainsi, à très court terme, aucun changement n’est prévu. Cependant, il va falloir que les bonnes nouvelles, dans le cas qui se présente un ralentissement de l’économie, arrivent assez vite pour que la Banque ne soit pas contrainte d’augmenter son taux directeur lors de sa réunion de juillet. La décision de la FED (nos voisins du sud) à la fin du mois pourrait avoir un impact majeur sur les décisions qui ce prendront lors de cette réunion estivale. Si les surprises peuvent encore arriver ont est quand même dû pour un petit ralentissement.