Il y a bien des choses à dire sur cette baisse de taux. Cela faisait presque un an que le taux directeur était à 5 % et que nous n’avions pas mis à jour notre page sur l’évolution du taux directeur. Pour y inscrire une baisse, on pouvait compter plus de 4 ans. C’est aussi la première baisse de taux directeur d’une banque centrale d’un des pays du G7. Une baisse de 0,25 % n’est pas énorme, mais c’est assez pour changer les conversations. Le nombre de baisses à venir, est-ce que cela se poursuivra dès juillet ou est-il possible que cela puisse repartir à la hausse? La Banque du Canada semble avoir donné à tout le monde ce qu’ils souhaitaient aujourd’hui, en s’appuyant principalement sur l’IPC qui a diminué plus rapidement que prévu et à une croissance économique plus faible que prévu au premier trimestre 2024. Voici plus de détails sur les raisons de cette décision et les perspectives pour l’immobilier au Canada et au Québec.
Performance et perspectives de l’économie canadienne
L’économie canadienne a montré des signes de reprise au premier trimestre de 2024 avec une croissance du PIB de 1,7 %, bien que cette croissance soit inférieure aux prévisions. Les investissements en stocks se sont affaiblis, freinant l’activité économique, tandis que la consommation a affiché une croissance solide d’environ 3 %. Les investissements des entreprises et l’activité sur le marché du logement ont également augmenté. Cependant, l’économie semble encore en situation d’offre excédentaire, ce qui signifie qu’elle peut croître sans générer une pression inflationniste significative.
Un ralentissement de l’inflation
En avril, l’inflation au Canada, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), a reculé à 2,7 %. Les mesures d’inflation fondamentale suivies par la Banque du Canada ont également montré des signes de ralentissement, avec des indicateurs sur trois mois suggérant que cette tendance se poursuivra. Bien que la hausse des frais de logement demeure élevée, la plupart des composantes de l’IPC se rapprochent de leurs moyennes historiques. Ce ralentissement de l’inflation a été un facteur clé dans la décision de la Banque de réduire son taux directeur.
Le marché du travail aussi en baisse, mais au niveau de la productivité
Bien que le taux de chômage demeure inchangé à 6,1 % au Canada en avril, la majorité des 90 000 emplois créés sont attribuables au travail à temps partiel, qui a augmenté de 1,4 %, et au secteur privé. Sur une période plus longue, on peut constater qu’on s’éloigne du creux de 4,8 % du taux de chômage en juillet 2022. Il existe d’autres indicateurs que le taux de chômage pour évaluer le marché du travail. On peut également constater que la productivité du travail au Canada, et particulièrement au Québec, est l’une des plus faibles parmi les pays du G7, selon un indice calculé par l’Institut du Québec à partir de données de Statistique Canada et de l’OCDE (Source : SRC). L’immigration au Canada est en augmentation constante et l’emploi croît moins vite que la population active. Les hausses des taux d’intérêt avaient freiné la construction résidentielle, et cette nouvelle baisse n’aura pas d’impact à très court terme sur la construction. Le problème du logement reste entier aujourd’hui.
Perspectives mondiales et impact sur le Canada
À l’échelle mondiale, l’économie a progressé d’environ 3 % au premier trimestre de 2024. Aux États-Unis, l’expansion économique a été plus lente que prévu en raison de la faiblesse des exportations et des stocks. En revanche, la zone euro et la Chine ont connu une reprise de l’activité économique. La plupart des économies avancées voient leur inflation diminuer, bien que le retour à la stabilité des prix soit inégal selon les régions. Les prix du pétrole se sont maintenus près des niveaux prévus, et les conditions financières n’ont pas beaucoup changé depuis avril.
Implications pour les détenteurs de prêts hypothécaires
Toute baisse est bonne à prendre pour les détenteurs de prêts hypothécaires, en particulier ceux à taux variable. Bien que la baisse ne soit que de 0,25 %, ils devraient tout de même voir leurs paiements mensuels diminuer après avoir subi les augmentations des taux d’intérêt des deux dernières années. Cette baisse est plus importante par l’espérance que ce soit la première d’une série de baisses.
Un taux directeur à 4 % d’ici la fin de l’année… presque
Il avait déjà été annoncé que les baisses seraient prudentes cette année, et on ne s’attendait pas à mieux qu’un taux à 4 % à la fin de 2024. La Banque semble encore plus prudente que les prévisions à ce sujet. Selon Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada, la réduction progressive des taux d’intérêt sera soigneusement évaluée pour éviter de compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre l’inflation. La Banque prévoit que le taux directeur pourrait passer de 5 % à 4,25 % d’ici la fin de l’année et atteindre 3,5 % dans un an. Toutefois, la politique monétaire des États-Unis, avec des taux élevés maintenus par la Réserve fédérale, pourrait limiter la capacité de la Banque du Canada à réduire ses taux trop rapidement sans risquer une dépréciation du dollar canadien. Tout cela pour dire qu’il ne faut pas rêver de baisses plus significatives cette année.
L’impact de la baisse sur la construction d’immeubles à logements
La crise du logement n’est pas résolue pour autant, et il faudra l’aide des investisseurs immobiliers pour régler ce problème, notamment par la construction d’immeubles à logements et de multilogements. Nous vous avions déjà expliqué notre point ici: 3 choses à surveiller en immobilier en 2024 après cette 4e décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 5 % . À court terme, il sera difficile de voir l’impact car la planification de construction est un processus qui prend du temps. On peut supposer que cela ne fera pas grande différence. Cependant, ceux qui attendaient de grosses baisses avant de construire seront probablement déçus et devront y aller un jour avant que ce soit le marché lui-même qui devienne trop élevé pour un investissement rentable. La forte demande locative, alimentée par la croissance démographique et l’accès difficile à la propriété, assure un marché robuste avec des loyers en hausse. Les prix des appartements devraient dépasser leurs sommets précédents, offrant une appréciation significative de la valeur immobilière. En outre, le soutien gouvernemental via divers programmes de financement réduit les coûts et les risques des nouveaux projets. Avec une reprise économique prévue à partir de mi-2024, accompagnée d’une baisse graduelle des taux d’intérêt, les conditions de financement devraient s’améliorer, augmentant ainsi la confiance des consommateurs et offrant un retour sur investissement substantiel à long terme.
Conclusion: Un peu d’air pour les propriétaires
Cette baisse du taux directeur par la Banque du Canada représente une bouffée d’air frais pour de nombreux secteurs de l’économie, notamment le marché immobilier. Bien que modeste, cette baisse pourrait marquer le début d’une série de réductions qui stimuleront l’économie et renforceront la confiance des investisseurs. Pour les détenteurs de prêts hypothécaires et les investisseurs immobiliers, c’est un moment stratégique pour reconsidérer leurs options et se préparer aux opportunités futures.
À SURVEILLER: Pour les investisseurs ou propriétaires d’immeubles à revenus, nous reviendrons vers vous d’ici quelques jours concernant les changements apportés par la SCHL. Il y a plus de bons que de mauvais, mais plus de bon pour les investisseurs sérieux
