… et sabrer le champagne ? On se réjouit de peu lorsque ça fait si longtemps qu’on attend. Le taux d’inflation canadien a certes “dégringolé” en octobre, passant de 3,8% à 3,1%, mais il reste encore loin de la cible de 2% fixée par la Banque du Canada et la moins bonne nouvelle est que cette baisse est principalement due à la chute des prix de l’essence à la pompe. Si on exclut cette donnée, l’inflation sous-jacente est seulement passée de 3,7% à 3,6%. Autrement dit, presque rien ! Pendant ce temps, les loyers et l’alimentation continuent leur envolée, grugeant toujours plus le budget des ménages. Est-ce que l’aide du gouvernement Trudeau y changera-t-il quelque chose ? Voici ce qu’il en est.
Se loger est devenue la plus grande part de l’inflation actuelle
Si ce n’était pas de l’augmentation des logements, le fameux taux d’inflation ciblé de 2 % par la Banque du Canada aurait été de 1,9 % en octobre. Mais dans les faits, on est loin de la coupe aux lèvres. Les frais d’intérêt hypothécaire ont augmenté de 30,5 % par rapport à il y a un an, tandis que les loyers ont augmenté de 8,2 %, en hausse par rapport à 7,3 % en septembre.
Le gouvernement fédéral présente une nouvelle Charte hypothécaire canadienne
Dans son énoncé économique de l’automne, le gouvernement fédéral a également présenté la Charte canadienne des prêts hypothécaires, qui, selon lui, garantirait que « les Canadiens aient accès à l’allègement hypothécaire sur mesure dont ils ont besoin à une époque de taux d’intérêt plus élevés ». En d’autres termes, le gouvernement sort le grand jeu pour sauver les proprios de la noyade hypothécaire.
La Charte détaille l’aide que les Canadiens peuvent attendre des banques en période de difficultés financières – une option particulièrement précieuse compte tenu de la ruée imminente de renouvellements l’année prochaine. En gros, cette Charte exige des banques qu’elles montrent patte blanche avec les mauvais payeurs. Fini les frais abusifs ou les refus de renégocier les prêts. Désormais, les établissements bancaires ont pour consigne de caresser les emprunteurs dans le sens du poil. Ainsi, les proprios pourront obtenir des délais de remboursement ou même vendre leur logement sans pénalité.
Le gouvernement Fédéral “délousse” les cordons de la bourse pour aider à construire plus de logements
Le gouvernement fédéral prévoit de dépenser environ 20,8 milliards de dollars sur six ans pour soutenir la construction de logements abordables et écologiques. Des mesures seront prises pour supprimer les obstacles de zonage, financiers et réglementaires à la construction de logements locatifs et abordables. Un financement supplémentaire de 1 milliard de dollars sur trois ans sera alloué à la construction de 7 000 nouveaux logements abordables, et 15 milliards de dollars seront prévus pour le développement de 30 000 nouveaux logements locatifs à travers le pays. Est-ce que ce sera assez pour encourager les investisseurs immobiliers ?
De moins en moins de demandes de prêt hypothécaire
Les demandes de prêts hypothécaires ont connu une forte baisse en septembre au Canada, avec une diminution de près de 25%. Cette baisse est la plus importante pour un mois de septembre depuis environ une décennie. Les prêts hypothécaires émis par les banques à charte ont été particulièrement touchés. Les augmentations de taux hypothécaires des derniers mois ne sont pas les seules responsables de cette baisse de demande. Lorsqu’on les combine avec le prix des immeubles, on comprend très bien pourquoi la baisse de demandes est si élevée. Les prix des maisons et immeubles ont augmenté de 40 à 80% depuis 2015 et demeurent assez élevés. Parmi ceux qui ont fait des demandes de prêt hypothécaire en septembre, les prêts hypothécaires sur cinq ans ont été les plus populaires en raison de leur relative abordabilité.
Statut quo sur le taux directeur en décembre
C’est ce que l’on peut espérer de mieux pour la fin de cette année. Dans une déclaration du 22 novembre devant la chambre de commerce de Saint-John, le Gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem affirmait : “Le resserrement de la politique monétaire fonctionne, et il est possible que les taux d’intérêt soient maintenant assez restrictifs pour rétablir la stabilité des prix. Mais, si l’inflation élevée persiste, nous sommes prêts à rehausser de nouveau notre taux directeur.” Cette phrase en soi n’est pas très rassurante, surtout si on tient compte du titre du discours ”****Traverser l’épreuve de la forte inflation” et du ton “nous traversons des jours difficiles.” Comme par exemple “Si nous n’en faisons pas assez, les Canadiennes et les Canadiens continueront de subir l’impact de l’inflation élevée et nous pourrions être obligés de relever les taux d’intérêt encore plus à l’avenir.” Néanmoins, il serait étonnant qu’il y ait augmentation le 6 décembre. Par contre, il est très clair qu’aucune baisse n’est envisageable à court terme.
Conclusion
Bref, restons sobres face à l’inflation. Sinon, on risque de finir avec une sacrée gueule de bois inflationniste ! La baisse n’est pas si marquée si on ne tient pas compte de la baisse du prix de l’essence, la charte hypothécaire est plus une garantie qu’une aide et ne sera pas si efficace si l’inflation et les taux d’intérêts hypothécaires ne baissent pas. Pour les plus grands investisseurs immobiliers et ceux qui prévoient la construction de multilogements, il y a tout de même un peu d’espoir avec les subventions annoncées, à condition bien sûr qu’il n’y ait plus d’augmentation des taux hypothécaires. Une vraie bonne nouvelle serait sûrement une baisse des taux hypothécaires. La baisse des taux hypothécaires aux États-Unis cette semaine s’est immédiatement traduite par une augmentation du nombre d’acheteurs potentiels. La Banque du Canada va faire sa dernière annonce de l’année à propos de son taux directeur le 6 décembre tandis que Statistique Canada publiera les données de l’IPC de novembre le 19 décembre. Espérons une baisse assez significative pour faire la fête.
Nous vous reviendrons après l’annonce de la Banque du Canada le 6 décembre prochain et les statistiques de l’IPC pour discuter de l’effet de cette diminution de l’inflation sur les taux et obligations. Suivez-nous!
Données économiques en résumé
- Taux d’inflation : baisse à 3,1 % en octobre contre 3,8 % en septembre.
- Prix de l’essence : chute de 7,8 %. en octobre
- Augmentation des loyers : 8,2 % en octobre contre 7,3 % en septembre.
- Demande de prêts hypothécaires : baisse de 25 % en septembre.